Scénarimage ou Storyboard
Texte ci-dessous copyrights Henri Defresne 2010
Storyboard a Monster Movie - PREVIEW - Filmmaking Tutorial Video with Andrés "Drew" García-Price
Définitions officielles du SB
(Fédération Nationale des Storyboardeurs Français) « Le SB est une mise en image du scénario sous forme de vignettes illustrées » ou « scénarimage »
(USA) « Illustrated screenplay » ou littéralement « tableau-histoire »
Autres définitions possibles du SB
- Répétition générale avant la prise de vue ou « shooting »
- Script visuel du film ou de l’animation 3D
- Plan préparatoire à l’aide du dessin
- Mise en scène dessinée
Un storyboard, scénarimage en français, est la représentation illustrée d'un film avant sa réalisation. Il s'agit d'un document technique généralement utilisé au cinéma en préproduction afin de planifier l'ensemble des plans qui constitueront le film.
On y décrit l'ensemble des paramètres cinématographiques (cadrages, mouvements de caméra et de personnages, raccords, etc.) avec la plus grande exactitude possible, afin de visualiser et planifier le tournage du film. Il est très pratique car il améliore la circulation des informations entre les équipes de tournage, et constitue donc un outil de référence lors de la production du film.
Les dessinateurs chargés d'illustrer chaque plan du découpage d'un scénario sont les storyboardeurs ou les scénarimagistes.
Situation du SB dans la chaîne de production
Au terme de la pré-production, entre le synopsis/scénario et la recherche des décors + casting ; il arrive que le découpage technique (shot list) et le SB ne constituent qu’un seul document… son utilisation comme référentiel visuel de base lors de la pré-production tend à se généraliser, bien que la discipline ne soit pas encore unanimement reconnue.
Champ d’application du SB
Toute production audiovisuelle, à savoir : exposés, chorégraphie, cinema, animation, série TV, pub, clips, jeux, sites web,…
NB: on commence à voir des galeries et des collectionneurs s’intéresser à l’objet sous son aspect esthétique… Des contrefaçons sont en circulation!
Le SB et la BD
Les liens et similitudes sont évidents, car le SB pourrait être qualifié de « Bande dessinée du film », mais il ne faut néanmoins pas les confondre:
Le SB fait partie d’un projet collectif avec des contraintes techniques et des délais.
La BD est un récit chronologique et linéaire souvent plus abouti, mieux fignolé, car le but à atteindre est l’édition ; alors que le SB reste la plupart du temps un document de travail qui ne couvre pas toujours l’entièreté du scénario.
Le cadre fixe et les textes séparés des vignettes du SB se distinguent des cases élastiques et les bulles de la BD.
Fonctions du SB
Economique : « Time is Money » Le temps passé à planifier une production est bien meilleur marché que lorsque les cameras tournent ( moyens et personnel). Du SB se dégagent des solutions matériellement « faisables », ce qui permet d’établir des budgets plus précis que dans le scénario.
Un bon SB peut aussi à peu de frais devenir un objet promotionnel pour tout projet en manque de producteur…
Intellectuelle : outil très souple, le SB est un peu l’Esperanto du 7e art qui rassemble toute l’équipe ( qui est souvent multiculturelle), en devenant la référence visuelle et technique qui fait autorité (la Bible).
Humaine : il sera reproduit et affiché partout et jettera des ponts entre les différents intervenants en provoquant des débats techniques et artistiques.
Enfin, le SB permettra aussi l’apprentissage du métier de metteur en scène en évitant les inconvénients des situations réelles ( humeur des acteurs, météo, plantage informatique,…)
SB & cinéma classique
En 1923, aux USA, Cecil B.De Mille fait appel à un illustrateur pour le pré-visuel des « 10 Commandements » (version muette- nouvelle adaptation en 1956).
En 1925, en URSS, Sergueï Eisenstein dessine lui-même les croquis préparatoires de son film « Le Cuirassé Potemkine ».
A la fin des années 1930, mis à part quelques exceptions comme le scandinave Fritz Lang, les cinéastes classiques vont s’adresser à des spécialistes pour élaborer la prévisualisation de leurs films.
En 1939 à Hollywood, des SB monumentaux ( et en couleurs) vont apparaître, notamment à l’occasion du film-fleuve « Autant en emporte le vent »
( directeur artistique: William Cameron Menzies )
SB & film d’animation
En réalité, nous devons l’émergence du SB dans sa conception moderne au cinéma d’animation.
La prise de vue image par image a été mise au point par l’anglo-américain James Stuart Blackton en 1906.
Humorous Phases of Funny Faces
"The Enchanted Drawing"-1900-J. Stuart Blackton-The father of American animation
Le père de l’animation est le dessinateur et scénariste américain Winsor Mc Cay avec en 1911 le tournage d’un premier 12 min inspiré de sa bande dessinée Little Nemo in Slumberland puis Gertie le Dinosaure en 1914.
Little Nemo (1911) Winsor McCay
En 1919-20 aux USA apparaissent de petits dessins animés muets, les studios Fleisher produisent Betty Boop, Pat Sullivan présente Felix
Mhe Tantalizing Fly - 1919 - with Max Fleischer)
Betty Boop be human
Felix the Cat 1920's
En 1928, Walt Disney produit également des court-métrages dont la vedette est Mickey Mouse; il dominera bientôt ce nouvel art…
Mickey Mouse: Steamboat Willie (1928)
En 1930, les studios Disney font appel à une équipe de scénaristes pour développer leurs récits; pour s’y retrouver parmi les centaines de dessins préparatoires, un scénariste nommé Webb Smith a l’idée de punaiser tous les dessins d’une même séquence sur un tableau afin de les organiser : le SB moderne est né.
The Purpose Of Storyboarding
En 1933 sort le premier dessin animé conçu avec cette méthode, Les Trois Petits Cochons, bientôt suivi par Blanche Neige en 1938.
Les Trois Petits Cochons (1933) - Walt Disney
Lucienne Dugard - Blanche-Neige version 1938 - Je souhaite / Un Chant
Retour au cinéma…
En 1941, Orson Welles prend possession des techniques de SB élaborées par Disney pour son film « Citizen Kane ».
Après la guerre, Harold Michelson, le storyboardeur attitré d’Alfred Hitchcock (Sueurs Froides, Psychose,…) accède au statut de star parce qu’il produit des illustrations pour le Maître; il travaillera également pour d’autres grands réalisateurs tels que Coppola et C.B. De Mille.
Hitchcock Shower Scene Storyboard (2012) - Scarlett Johansson Movie HD
SB Aujourd’hui
Entre les années 60 et 70, le SB est cantonné aux scènes d’action ou d’effets spéciaux; c’est le cas pour la saga des James Bond où la production voulait éviter les frais de tournage de séquences « test ».
James Bond Skyfall Leaked Storyboards - Opening Train SequenceD
À partir des années 80, le SB reprend ses lettres de noblesses car il a de fervents adeptes parmi les grands réalisateurs tels Roman Polanski ( le Pianiste), Ridley Scott (Gladiator) ou Jean-Jacques Annaud ( le nom de la Rose, l’Ours )
Quelques Storyboardeurs connus:
- David Russel (Master & Commander);
- Conrad Vernon (Schrek 2);
- Norbert Iborra (l’Ours).
http://www.norbertiborra.com/index.php?gallery/storyboard
Conclusion
Que l’on soit pour ou résolument contre le SB, il est un fait qu’il est de plus en plus employé par les réalisateurs, surtout depuis que les budgets nécessaires aux productions (fiction ou animation) se sont envolés.
Malgré l’apparition de nouveaux logiciels de conception assistée par ordinateur, 90% des SB sont aujourd’hui produits à la main, aussi bien aux USA que chez nous ( les 10% d’intervention informatique sont des retouches de couleur et de mise en page).
Le futur du SB est donc résolument inscrit dans son passé: le dessin, instrument de l’imagination et de la création.
Les modèles
Plusieurs types de storyboards sont employés à travers le monde, suivant leur utilité et les habitudes des réalisateurs.
Modèle américain / Bande dessinée
Ce modèle s'utilise plus particulièrement aux États-Unis. Il se compose simplement d'une série de dessins représentant chacun un plan, ce qui lui donne l'apparence d'une bande dessinée. Ne contenant que très peu d'informations, ce modèle n'est pas le plus pratique. Toutefois, il suffit généralement à la préparation du tournage et donne une bonne idée des plans à tourner.
Modèle plan par plan
Ce modèle, beaucoup plus complet, comprend généralement une page par plan. Sur chacune de ces pages, on dessine l'image de début et l'image de fin du plan, et, si nécessaire, des cadres intermédiaires pour des plans complexes. On y ajoute un plan au sol (comprenant les éléments de décor, les personnages, l'angle de champ de la caméra et ses déplacements ainsi que les mouvements des éléments actants), à l'échelle, et toutes les informations spécifiques à chacun des plans (scénographie, repères au dialogues, mouvements, effets...)
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Le Storyboardeur
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- Il précède le travail lourd des équipes de tournage ou d’animation.
- Il peut être comparé à une sorte de cameraman imaginaire.
- Il met virtuellement en scène le film avant sa réalisation effective.
- Son statut pourrait ressembler à un co–metteur en scène.
Wacom Cintiq - A Day in the Life of a Storyboard Artist
illustrations copyrights Sylvie Hancisse